Voilà ! Après plusieurs mois de rédaction, notre livre est sorti le 8 janvier 2021 aux éditions Matériologiques. Ce fut une expérience inédite et une belle aventure pour nous. Je reproduis ci-dessous la quatrième de couverture qui présente l’ouvrage :
Les ontologies computationnelles sont des représentations formelles des concepts d’un domaine et de leurs relations. Sorte de mémoire sémantique des ordinateurs, elles forment – entre autres – l’un des piliers des technologies du Web sémantique.
Cet ouvrage s’articule autour de deux approches des ontologies computationnelles. Après avoir défini de manière approfondie la notion d’ontologie computationnelle et les techniques afférentes, il pose le problème des difficultés conceptuelles et terminologiques en psychologie et neurosciences cognitives. Il tente de montrer comment la modélisation ontologique peut aider à résoudre, au moins en partie, certaines de ces difficultés. Symétriquement, il décrit comment les ontologies peuvent bénéficier de l’apport de travaux issus de la psychologie cognitive et de la psychologie sociale. Il dresse donc un panorama original des influences réciproques qui se dessinent entre ces différents domaines de recherche.
Ce livre est notamment destiné aux spécialistes de la psychologie et des neurosciences cognitives et à ceux de l’ingénierie ontologique, en rendant accessible, pour chacun de ces publics, le domaine avec lequel il se sent moins familier. Plus généralement, il intéressera toute personne curieuse du statut des concepts scientifiques – des concepts mentaux en particulier – et qui s’interrogent sur la possibilité de les formaliser et de les rendre ainsi manipulables par des machines. Il offrira aussi au public intéressé par l’ingénierie des connaissances un retour aux sources psychologiques de la discipline en proposant réflexions et éléments de méthodologie tant sur le développement que sur la construction d’ontologies.
Xavier Aimé & Frank Arnould (2021). Modélisation ontologique & psychologies : une influence réciproque. Paris : éditions Matériologiques. Consulter
La revue Memory Studies publie, depuis 2008, des articles centrés sur les aspects sociaux de la mémoire. Pour être plus précis, la présentation du journal, sur sa page d’accueil, indique que celui-ci porte sur :
the social, cultural, cognitive, political and technological shifts affecting how, what and why individuals, groups and societies remember, and forget.
Pour être franc, je connais encore mal cette publication. En effet, c’est surtout au travers des recherches en psychologie expérimentale et en psychologie cognitive que je me suis intéressé, jusqu’à présent, à la mémoire. Alors, quoi de mieux que la réalisation d’une petite analyse bibliométrique pour mieux cerner cette revue !
Pour ce faire, j’ai d’abord récupéré les documents du journal en interrogeant, le 3 octobre 2020, la base de données bibliographique Scopus. Le fichier bibTeX obtenu a ensuite été analysé à l’aide du package R bibliometrix (Aria & Cuccurullo, 2017). L’ensemble des références est disponible en téléchargement à la fin de ce texte. Le Tableau 1, ci-dessous, propose un résumé du contenu du corpus.
DESCRIPTION
RÉSULTATS
Documents
546
Mots clés d’auteur
1701
Période
2008 – 2020
Nombre moyen de citations par document
8.335
Auteurs
640
Auteurs de documents à auteur unique
351
Auteurs de documents à plusieurs auteurs
289
Auteurs par document
1.17
Indice de collaboration
1.88
Type de document
Article
455
Article sous presse
23
Conférence
4
Éditorial
52
Erratum
2
Note
8
Revue
2
TABLEAU 1. INFORMATIONS GÉNÉRALES
Le Figure 1 qui suit indique l’évolution temporelle de la production scientifique de la revue. Le taux de croissance annuel est de 8,64 %, résultant surtout d’une augmentation significative du nombre d’articles publiés depuis 2018.
FIGURE 1. PRODUCTION SCIENTIFIQUE ANNUELLE
La carte du monde donne une idée de l’origine géographique des auteurs dans Memory Studies. L’intensité de la couleur est proportionnelle au nombre de publications.
FIGURE 2. PRODUCTION SCIENTIFIQUE PAR PAYS
Les vingt mots clés d’auteurs les plus fréquemment utilisés sont consignés dans le Tableau 2. La Figure 3 qui suit est une analyse de la co-occurrence des mots clés d’auteurs. La Figure 4 montre l’évolution temporelle des dix mots clés d’auteurs les plus fréquents.
Mot clé
Occurrences
memory
79
collective memory
78
commemoration
27
autobiographical memory
17
narrative
15
nationalism
15
argentina
14
trauma
14
holocaust
12
materiality
11
nostalgia
11
photography
11
transitional justice
11
oral history
10
counter memory
9
cultural memory
9
forgetting
9
genocide
9
germany
9
history
9
TABLEAU 2. LES VINGT MOTS CLÉS D’AUTEURS LES LUS FRÉQUENTS
FIGURE 3. RÉSEAU DE COOCCURRENCE DES MOTS CLÉS D’AUTEURS
FIGURE 4. DYNAMIQUE DES MOTS CLÉS D’AUTEURS
Le package bibliometrix permet de réaliser des cartes thématiques, dites aussi diagrammes stratégiques. Les thèmes sont représentés selon deux axes (https://www.bibliometrix.org/biblioshiny/assets/player/KeynoteDHTMLPlayer.html#0). La centralité correspond à l’importance du thème. La densité est une mesure du développement d’un thème. Cobo et al. (2011) indiquent comment interpréter ce type de représentation graphique :
• Themes in the upper-right quadrant are both well developed and important for the structuring of a research field. They are known as the motor-themes of the specialty, given that they present strong centrality and high density. The placement of themes in this quadrant implies that they are related externally to concepts applicable to other themes that are conceptually closely related.
• Themes in the upper-left quadrant have well developed internal ties but unimportant external ties and so are of only marginal importance for the field. These themes are very specialized and peripheral in character.
• Themes in the lower-left quadrant are both weakly developed and marginal. The themes of this quadrant have low density and low centrality, mainly representing either emerging or disappearing themes.
• Themes in the lower-right quadrant are important for a research field but are not developed. So, this quadrant groups transversal and general, basic themes.
Cobo et al. (2011, p. 150-151).
La Figure 5 précise donc comment comprendre les différents quadrants de la carte thématique. L’intérêt est d’utiliser ces cartes pour avoir une idée de l’évolution des thèmes avec le temps. J’ai réalisé deux cartes thématiques, à partir des mots-clés d’auteurs, pour deux périodes temporelles : 2008-2016 et 2017-2020 (Figures 6 et 7, respectivement). À mon sens, ces données doivent être analysées avec prudence, dans la mesure où la période de publication de la revue est encore peu étendue (2008-2020).
FIGURE 5. CARTE THÉMATIQUE (OU DIAGRAMME STRATÉGIQUE)
FIGURE 6. CARTE THÉMATIQUE (2008-20016)
FIGURE 7. CARTE THÉMATIQUE (2017-2020)
Le Tableau 3 propose les cinq articles de la revue qui sont les plus cités.
Fivush, R. (2008). Remembering and reminiscing: How individual lives are constructed in family narratives. Memory Studies, 1(1), 49–58. https://doi.org/10.1177/1750698007083888
van House, N., & Churchill, E. F. (2008). Technologies of memory: Key issues and critical perspectives. Memory Studies, 1(3), 295–310. https:// doi.org/10.1177/1750698008093795
96
van Dijck, J. (2011). Flickr and the culture of connectivity: Sharing views, experiences, memories. Memory Studies, 4(4), 401–415. https://doi.org/10.1177/1750698010385215
83
TABLEAU 3. LES CINQ ARTICLES LES PLUS CITÉS
La part des articles publiés en accès libre dans Memory Studies est représentée dans la Figure 8.
FIGURE 8. PUBLICATIONS EN ACCÈS LIBRE
Les analyses ci-dessus n’épuisent pas toutes les possibilités qu’offre le package bibliometrix. J’ai évité, par exemple, les données nominatives (comme les auteurs ou les laboratoires ayant publié le plus grand nombre d’articles, l’indice h, etc.).
En tout cas, ce petit voyage bibliométrique m’a permis de découvrir des notions qui me sont peu familières (counter-memory, memorialization, postmemory, etc.). De quoi enrichir dans le futur le thésaurus de la mémoire !
Aria, M., & Cuccurullo, C. (2017). bibliometrix: An R-tool for comprehensive science mapping analysis. Journal of Informetrics, 11(4), 959–975. https://doi.org/10.1016/j.joi.2017.08.007
Cobo, M. J., López-Herrera, A. G., Herrera-Viedma, E., & Herrera, F. (2011). An approach for detecting, quantifying, and visualizing the evolution of a research field: A practical application to the Fuzzy Sets Theory field. Journal of Informetrics, 5(1), 146–166. https://doi.org/10.1016/j.joi.2010.10.002
Coup sur coup, en l’espace de quelques jours, plusieurs articles de recherche sont parus mentionnant, dans leur titre, l’expression mnemonic discrimination. Cette notion est définie comme la capacité à distinguer des événements similaires en mémoire épisodique (Berron et al., 2018).
S’agit-il d’une notion récente ? Pour répondre à cette question, j’ai interrogé la base bibliographique Scopus, en recherchant l’expression dans les titres, résumés et mots clés des articles. Cinquante-trois documents ont été récupérés. Le premier date de 2014. Après vérification, c’est aussi le cas dans PubMed, PsycINFO et le Web Of Science. Cependant, dans l’archive Istex, mnemonic discrimination apparait de manière fortuite dans un article de 1998 (Dywan et al. , 1998). Dans la base de données Dimensions, c’est en 1974 que l’expression apparaît, mais en référence à la théorie de la détection du signal (Koh & Peterson, 1974).
L’ensemble des références Scopus est disponible en téléchargement en bas de cette page. J’y ai ajouté de nouvelles publications qui n’ont pas encore été prises en compte par la base, et quelques articles antérieurs à 2014 que j’ai pu trouver (sans prétendre évidemment être exhaustif).
La courte analyse bibliométrique qui suit porte uniquement sur le corpus issu de Scopus. Elle a été réalisée avec une partie des fonctions du package R bibliometrix (Aria & Cuccurolo, 2017).
Données générales
Signe des temps ? la moitié des articles est en accès libre (figure 1).
FIGURE1. TYPE D’ACCÈS AU ARTICLES
La production scientifique sur le sujet continue de croître (figure 2). En juin 2020, presque autant d’articles ont été publiés sur la discrimination mnémonique que pour toute l’année 2019 (10 et 14 articles, respectivement).
FIGURE 2. PRODUCTION SCIENTIFIQUE ANNUELLE
Les États-Unis dominent la production scientifique internationale sur le sujet (figure 3).
FIGURE 3. PRODUCTION SCIENTIFIQUE PAR PAYS
Les revues scientifiques
Les revues de neurosciences et disciplines connexes publient une part importante des travaux sur la discrimination mnémonique (tableau 1), celle-ci étant associée à des processus de l’hippocampe.
Revue scientifique
Nombre d’articles
HIPPOCAMPUS
5
LEARNING AND MEMORY
5
BEHAVIORAL NEUROSCIENCE
3
NEUROBIOLOGY OF LEARNING AND MEMORY
3
SCIENTIFIC REPORTS
3
COGNITIVE NEUROSCIENCE
2
FRONTIERS IN SYSTEMS NEUROSCIENCE
2
JOURNAL OF NEUROSCIENCE
2
NEUROBIOLOGY OF AGING
2
NEURON
2
PROCEEDINGS OF THE NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES OF THE UNITED STATES OF AMERICA
2
AGING NEUROPSYCHOLOGY AND COGNITION
1
BEHAVIOR THERAPY
1
BEHAVIOUR RESEARCH AND THERAPY
1
BIOLOGICAL PSYCHIATRY: COGNITIVE NEUROSCIENCE AND NEUROIMAGING
1
BMC NEUROLOGY
1
BRAIN
1
BRAIN AND BEHAVIOR
1
BRAIN RESEARCH
1
CEREBRAL CORTEX
1
CHILD DEVELOPMENT
1
CLINICAL PSYCHOLOGICAL SCIENCE
1
CORTEX
1
FRONTIERS IN NEUROSCIENCE
1
JOURNAL OF COGNITIVE PSYCHOLOGY
1
JOURNAL OF EXPERIMENTAL PSYCHOLOGY: GENERAL
1
JOURNALS OF GERONTOLOGY – SERIES B PSYCHOLOGICAL SCIENCES AND SOCIAL SCIENCES
1
MEMORY
1
MEMORY AND COGNITION
1
NEUROIMAGE
1
NEUROPSYCHOLOGIA
1
THE JOURNAL OF NEUROSCIENCE : THE OFFICIAL JOURNAL OF THE SOCIETY FOR NEUROSCIENCE
1
TRENDS IN COGNITIVE SCIENCES
1
TABLEAU 1. REVUES SCIENTIFIQUES AYANT PUBLIÉ DES ARTICLES SUR LA DISCRIMINATION MNÉMONIQUE
La figure 4 présente la dynamique des cinq revues ayant publié le plus grand nombre d’articles sur la discrimination mnémonique, de 2014 à 2019. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
FIGURE 4. DYNAMIQUE DES REVUES SCIENTIFIQUES
Les mots clés
La figure 5 présente les dix mots clés d’auteurs les plus fréquents dans le corpus.
FIGURE 5. LES DIX MOTS CLÉS D’AUTEURS LES PLUS FRÉQUENTS
La figure 6 présente la dynamique des six mots clés les plus fréquents utilisés par les auteurs, de 2014 à 2019. L’utilisation de l’expression mnemonic discrimination augmente de manière constante à partir de 2017. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
FIGURE 6. DYNAMIQUE DES MOTS CLÉS D’AUTEURS
Le lien entre la discrimination mnémonique et le processus hippocampique de séparation de pattern (processus par lequel, dans l’hippocampe, des représentations similaires sont stockées de manière distincte les unes des autres) est confirmé par l’analyse des cooccurrences des mots-clés d’auteurs (figure 7).
FIGURE 7. ANALYSE DES COOCCURRENCES DES MOTS CLÉS D’AUTEURS
Quel rapport ces deux processus entretiennent-ils ? Pour certains,
Mnemonic discrimination may involve a process called pattern separation, a hippocampal computation that reduces the degree of overlap between similar inputs to circumvent catastrophic interference […]
Ngo et al. (2019, p. 1569).
On the encoding side, the neurocomputational operations assumed to subserve mnemonic discrimination are referred to as pattern separation […] Pattern separation decorrelates the neural representations of similar information during encoding and consolidation […] and is assumed to occur in the dentate gyrus of the hippocampus.
Aust & Stahl (à paraître)
Bref, il me semble que, pour l’heure, une clarification conceptuelle entre la notion de discrimination mnémonique et celle de séparation de pattern apparaît nécessaire.
Aria, M., & Cuccurullo, C. (2017). bibliometrix: An R-tool for comprehensive science mapping analysis. Journal of Informetrics, 11(4), 959–975. https://doi.org/10.1016/j.joi.2017.08.007
Berron, D., Cardenas-Blanco, A., Bittner, D., Metzger, C. D., Spottke, A., Heneka, M. T., Fliessbach, K., Schneider, A., Teipel, S. J., Wagner, M., Speck, O., Jessen, F., & Düzel, E. (2019). Higher CSF tau levels are related to hippocampal hyperactivity and object mnemonic discrimination in older adults. The Journal of Neuroscience : The Official Journal of the Society for Neuroscience, 39(44), 8788–8797. https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.1279-19.2019
Dywan, J., Segalowitz, S. J., & Webster, L. (1998). Source monitoring: ERP evidence for greater reactivity to nontarget information in older adults. Brain and Cognition, 36(3), 390–430. https://doi.org/10.1006/brcg.1997.0979
Koh, S. D., & Peterson, R. A. (1974). Perceptual memory for numerousness in “nonpsychotic schizophrenics.” Journal of Abnormal Psychology, 83(3), 215–226. https://doi.org/10.1037/h0036699
Ngo, C. T., Newcombe, N. S., & Olson, I. R. (2019). Gain-loss framing enhances mnemonic discrimination in preschoolers. Child Development, 90(5), 1569–1578. https://doi.org/10.1111/cdev.13297
Primauté et récence sont des effets empiriques bien connus du fonctionnement de la mémoire. Ils désignent le fait que, juste après avoir appris une liste d’éléments, nous nous souvenons mieux, respectivement, de ceux situés en début de liste et de ceux placés vers la fin.
Toutefois, l’amplitude de ces deux effets de position sérielle est soumise à différents facteurs. Le tableau ci-dessous résume les principales variables qui les modèrent sélectivement.
Variable
Effet de primauté
Effet de récence
Tâche de distraction entre la fin de la liste et le rappel
Non
Oui : une tâche de distraction élimine l’effet
Modalité de présentation
Non
Oui : l’effet est accentué quand les items sont présentés auditivement par rapport à leur présentation visuelle
Fréquence des mots
Oui : les mots communs accentuent l’effet comparativement aux mots rares
Non
Vitesse de présentation des items
Oui : l’effet se réduit quand la vitesse de présentation des items augmente
Non
Activité interférente entre chaque présentation d’item
Oui : réduit l’effet
Non
Association entre éléments de la liste
Oui : les items similaires accentuent l’effet
Non
Longueur de la liste
Oui : l’effet se réduit quand le nombre d’éléments dans la liste augmente
Non
Type de rappel
En rappel sériel, l’effet de primauté est plus important que l’effet de récence
En rappel libre, l’effet de récence est plus important que l’effet de primauté
Amnésie antérograde
Absent
Présent
Imaginabilité des mots
Les mots qui sont plus faciles à visualiser mentalement renforcent l’effet
Non
VARIABLES MODÉRANT SÉLECTIVEMENT LES EFFETS DE PRIMAUTÉ ET DE RÉCENCE
Présenté par James Deese en 1959, et remis sur le devant de la scène par Henry Roediger et Kathleen McDermott en 1995, le paradigme DRM (pour Deese-Roediger-McDermott) est aujourd’hui la méthode d’étude des faux souvenirs la plus populaire.
NOMBRE DE DOCUMENTS CITANT L’ARTICLE DE ROEDIGER & McDERMOTT (1995) DE 1995 À 2019 (SOURCE DES DONNÉES : WEB OF SCIENCE)
La consigne standard consiste à demander aux participants de mémoriser des listes de mots. Ces listes sont conçues d’une façon particulière. Chaque mot d’une liste (par exemple, lit, sieste, repos…) est associé à un autre mot, le leurre critique, qui lui n’est pas présenté pendant la phase d’étude de l’expérience (sommeil). Quand les participants doivent ensuite se remémorer les mots des listes étudiées, ils ont tendance à introduire dans leurs souvenirs les leurres critiques, à des taux souvent élevés.
Comme le suggère la citation ci-dessous (suivie de sa traduction en français), Edwin Kirkpatrick semble être le premier à avoir noté le phénomène, dès 1894 :
There were some incidental illustrations of false recognition. About a week previously in experimenting upon mental imagery I had pronounced to the normal students ten common words. Many of these were recalled and placed with the memory list. Again, it appears that when such words as ‘spool’, ‘thimble’, ‘knife,’ were pronounced many students at once thought of ‘thread,’ ‘needle, ‘ fork,’ which are so frequently associated with them. The result was that many gave those words as belonging to the list. This is an excellent illustration of how things suggested to a person by an experience may be honestly reported by him as a part of the experience.
Kirkpatrick (1894, p. 608)
Il y a eu quelques illustrations fortuites de fausses reconnaissances. Environ une semaine auparavant, lors d’une expérience sur l’imagerie mentale, j’avais prononcé dix mots courants à des étudiants normaux. Beaucoup d’entre eux ont été rappelés et placés avec la liste de mémoire. Une fois de plus, il semble que lorsque des mots tels que « bobine », « dé à coudre », « couteau » étaient prononcés, de nombreux étudiants pensaient à la fois à « fil », « aiguille », « fourchette », qui leur sont si souvent associés. Le résultat est que beaucoup ont donné ces mots comme appartenant à la liste. C’est une excellente illustration de la manière dont les choses suggérées à une personne par une expérience peuvent être honnêtement rapportées par elle comme faisant partie de l’expérience.
Kirkpatrick (1894, p. 608, notre traduction)
Références citées
Deese, J. (1959). On the prediction of occurence of particular verbal intrusions in immediate recall. Journal of Experimental Psychology, 58(1), 17–22. https://doi.org/10.1037/h0046671
Kirkpatrick, E. A. (1894). An experimental study of memory. Psychological Review, 1(6), 602–609. https://doi.org/10.1037/h0068244
Roediger, H. L., & McDermott, K. B. (1995). Creating false memories: Remembering words not presented in lists. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 21(4), 803–814. https://doi.org/10.1037/0278-7393.21.4.803